LCDS - Chapitre 20 - Extrait

Publié le par Roman Littleson

Lorsque que le nouveau Capitaine de la Garde s’arrêta au milieu de la cour, l’homme qui lui avait ouvert le portail se présenta devant lui et, regardant la pointe de son pied tracer des demi-cercles dans le sol, commença à balbutier des excuses. Faure coupa court :

— Où sont les autres ?

— Heu…

— Rassemblez-tout le monde ! Immédiatement !

Le soldat ne se fit pas prier et se précipita vers un bâtiment au fond de la cour, d’où provenaient des cris et de grands éclats de rire, laissant à Faure peu de doute quant à l’occupation du reste de la garnison. Quelques instants après qu’il fut entré dans la salle commune, le silence se fit, seulement troublé par une voix fluctuante qui continuait d’entonner des airs obscènes. Mais celle-ci fut très vite stoppée net.

Un à un, les soldats sortirent alors pour se rassembler devant leur nouveau chef, lequel n’avait jamais assisté à un aussi désastreux spectacle. Pour commencer, à l’instar du soldat qui avait ouvert à Faure, aucun ne portait sa tenue réglementaire. Certains, toutefois, avaient tenté de s’équiper à la hâte, se retrouvant avec quelque bout d’armure ou casque mal enfilé. L’un d’eux se débattait toujours avec son ceinturon, qu’il ne semblait être en état de mettre dans le bon sens. Les visages n’étaient pas rasés, les cheveux n’avaient pas été coupés depuis des semaines. Les flanelles étaient grasses et gorgées de sueur, couvertes de poussière et parsemées de tâches rougeâtres qui viraient au violet ou au noir en fonction de leur longévité. Les jambes peinaient à supporter les corps titubants. Un des hommes commençait à quitter le rang en zigzaguant, alors son compagnon d’armes le plus proche, pas plus stable que lui, l’attrapa par la flanelle. Tous deux restèrent immobiles, aucun d’eux n’ayant suffisamment de force pour entraîner l’autre. La flanelle craqua et les boit-sans-soif furent éjectés chacun dans le sens où il tirait, l’un cul nu, l’autre un morceau de culotte de son camarade sur la figure.

Faure fit un grand effort pour ne pas laisser éclater sa colère, pensant à la leçon de Malhair qu’Adrian, malgré lui, lui avait rappelé le matin-même. Il attendit que tous se fussent mis en rang, deux d’entre eux étant à la traîne : un homme à moitié sonné au visage ensanglanté — celui qui chantait ? — que soutenait un autre. Il les dévisagea enfin un à un jusqu’à ce que leur teint rougeaud devînt plus rouge encore sous l’effet de la honte.

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